Connecting with Care – Ahtahkakoop (French)

Dans l’Ouest canadien, en Saskatchewan, le long d’une route poussiéreuse et sinueuse et nichée entre des collines verdoyantes se trouve la communauté de la Première Nation Ahtahkakoop. Située aux pourtours d’un grand lac, Ahtahkakoop abrite plus de 1 600 personnes de la Nation des Cris.

La beauté naturelle d’Ahtahkakoop contraste fortement avec le manque de services et de débouchés. À Ahtahkakoop, il n’y a qu’une station-service et un dépanneur. Le centre de santé, une salle de conférences, le bureau du conseil de bande, l’école, un poste de police et un centre de réadaptation sont les bâtiments qui forment la ville.

À Ahtahkakoop, il faut une voiture pour se déplacer. Les résidents doivent conduire 30 minutes pour se rendre à l’épicerie, alors qu’il leur faut une heure de route pour se rendre à l’hôpital qui se trouve dans la ville de Prince Albert.

Connecting with Care Ahtahkakoop

Connecting with Care Ahtahkakoop

Mais la distance n’est pas le seul enjeu majeur pour les habitants d’Ahtahkakoop qui veulent recevoir des soins de santé adéquats. Surmonter le racisme et la stigmatisation est tout aussi confrontant pour de nombreux Autochtones au Canada qui ont fait l’objet d’assimilation culturelle et d’asservissement racial la majeure partie de leur vie.

Aujourd’hui, plus de 150 ans après la signature des premiers traités entre les nations autochtones et les forces coloniales britanniques, les peuples des Premières Nations de partout au Canada ressentent encore le racisme et la stigmatisation. Ils vivent également le traumatisme intergénérationnel qui découle de l’assimilation culturelle vécue par les générations précédentes.

Notre expérience à Ahtahkakoop n’est pas différente de celle des autres Premières Nations, en ce sens que nous ressentons fortement les effets de la colonisation, du colonialisme et de l’assimilation. La dysfonction sociale que nous voyons aujourd’hui dans nos communautés est, je crois, le résultat direct de tout cela. Les dépendances, le VIH et l’hépatite C sont les conséquences de ces enjeux fondamentaux.

Jennifer Ahenakew, directrice du centre de santé d’Ahtahkakoop

A man prepares to inject methamphetamine in Ahtahkakoop.

Hepatitis C outreach worker Jodie Albert visits the local school in Ahtahkakoop  community looking for disused needles. Jodie is a crucial part of the Know Your Status program run at the Ahtahkakoop Health Centre. Before Jodie was hired as an outreach worker she was herself treated for hepatitis C through the Know Your Status program. Jodie shared her story for the film made about Ahtahkakoop’s model of care treating hepatitis C.

Le centre de santé

En se promenant dans Ahtahkakoop, on ne peut pas manquer le centre de santé. Bien que la gamme de services offerts soit limitée, elle est compensée par le personnel généreux qui accueille chaleureusement les arrivants.

En 2011, on a relevé un taux élevé d’infection au VIH dans la communauté d’Ahtahkakoop, soit sept fois la moyenne nationale. Cette constatation alarmante a forcé les dirigeants d’Ahtahkakoop à agir immédiatement.

Le centre de santé d’Ahtahkakoop s’est associé à un spécialiste, le Dr Stuart Skinner, de l’organisme communautaire La roue du bien-être, pour mettre sur pied le projet Connais ton statut. Il s’agissait du premier projet de ce genre, qui visait à créer un espace sûr et culturellement adapté pour le dépistage du VIH en toute confidentialité et sans stigmatisation. Il permettait aussi à la communauté d’en apprendre plus sur les pratiques non sécuritaires qui augmentent le risque d’infection.

 

 

C’était un choc pour notre communauté et on s’est demandé comment on allait gérer la crise. Nous avons dû nous éduquer, éduquer les dirigeants, le personnel et notre communauté.

Chef Larry Ahenakew

Meet Jodie Albert

 

Aujourd’hui, Jodie vit à Ahtahkakoop avec ses deux enfants et occupe un poste de travailleuse de proximité pour le projet Connais ton statut. Elle est passionnée par son travail, encourage les gens à se faire dépister et soutient ceux qui suivent un traitement afin qu’ils puissent guérir, tout comme elle.

En effet, quand elle était plus jeune, Jodie a connu la dépendance aux drogues. Elle a contracté l’hépatite C en partageant une seringue.

Lorsque j’ai découvert que j’avais l’hépatite C, je me sentais sale, j’avais l’impression d’avoir signé mon arrêt de mort; ma vie était finie. Quand j’ai su qu’il existait un remède, j’ai gardé espoir et j’étais déterminée à traiter mon hépatite C.

Jodie Albert, travailleuse de proximité, Connais ton statut

Lorsque le personnel du centre de santé d’Ahtahkakoop a informé Jodie des nouveaux médicaments curatifs pour son hépatite C, elle a décidé d’aller à l’un des événements sur la santé du foie pour passer un test de confirmation et commencer le traitement par AAD.

Jolie a pris un comprimé par jour pendant trois mois sans difficulté ni effets secondaires. À la fin de son traitement, elle est retournée au centre de santé d’Ahtahkakoop pour une analyse de sang de suivi qui a confirmé sa guérison.

En médecine, il n’y a que quelques maladies que nous pouvons guérir et éliminer. C’est fantastique de voir la réaction sur le visage des gens.

Dr Stuart Skinner, La roue du bien-être

 

Jody Hyman lives in Ahtahkakoop and was treated for hepatitis C through the Know Your Status program run at the Ahtahkakoop Health Centre. Hepatitis C outreach worker Jodie Albert contoinues to support Jody Hyman and a number of other community members well after they have finished their treatment. Ahtahkakoop is isolated and most community members have to drive more than hour to the city of Prince Albert to access services including primary health care. The province of Saskatchewan has the highest HIV and hepatitis C rates in Canada for the past decade.

La guérison a donné à Jodie la confiance de raconter son histoire à d’autres personnes de sa communauté et de partout au Canada dans l’espoir qu’elles puissent aussi un jour être traitées facilement pour l’hépatite C.

 

L’histoire de Jodie Hyman

Dans le cadre du projet Connais ton statut, Jodie a pour cliente Jodie Hyman. À titre de travailleuse de proximité, Jodie a été en mesure d’incorporer un profond sentiment de confiance et de respect dans sa relation professionnelle avec Jodie Hyman, ce qui a eu pour résultat que cette dernière a pu guérir de l’hépatite C.

Pour les deux femmes, guérir de l’hépatite C leur a inspiré confiance de parler de leur histoire aux autres aussi bien au sein de leur communauté qu’à l’échelle du Canada, et ce, dans l’espoir que d’autres personnes atteintes d’hépatite C soient un jour également guéries.

Le succès de Connais ton statut

Selon l’équipe du centre de santé d’Ahtahkakoop, le modèle de soins qui a mené au succès du projet repose sur certaines stratégies clés, dont les suivantes :

  • Rapprocher le traitement et les soins le plus près possible des gens et s’assurer qu’ils n’ont pas à se déplacer sur de trop longues distances.
  • Offrir des soins dans un environnement culturellement adapté où le personnel provient de la communauté.
  • Respecter les connaissances de la communauté, et reconnaître et tirer profit des forces inhérentes des gens.
  • Établir un lien avec les patients et toujours être prêt à prendre de leurs nouvelles, même si ce n’est pas en lien direct avec leur traitement.
  • Mobiliser des spécialistes qui travaillent avec leurs patients d’une manière similaire à celle des autres professionnels de la santé et du personnel du centre de santé.
  • Comprendre que le bien-être n’est pas seulement physique, mais également spirituel, émotionnel et culturel et l’appliquer dans sa pratique.

 

De 2016 à la fin 2019, Connais ton statut a permis de traiter 488 personnes atteintes d’hépatite C.

Hepatitis C Nurse Vanessa Ahenakew (left) holds the finger of a client before performing a finger-prick test to check for hepatitis C as part of the Know Your Status Program run at the Ahtahkakoop Health Centre.